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De l’influence d’un Taikai…
Il était une fois…les 1er & 2 juin derniers, le 15e Taikai de l’EKF à Cornaredo/Milano. Je tiens à remercier ici la Commission technique de l’AHK pour m’avoir accordé sa confiance en m’invitant à intégrer notre équipe nationale aux côtés de Jean-Pierre Christen et Urs Schreiber.
J’ai accepté avec reconnaissance et quelque appréhension de partager cette responsabilité. Je réponds également ici à l’invitation qui m’est faite de rédiger quelques lignes afin de témoigner de cette expérience.
Cette compétition, ou plutôt cette joute, s’est déroulée le week-end de l’Ascension… quelle heureuse coïncidence que le nom de cette fête, presque un présage porteur d’espoir pour ceux qui rêvaient d’un résultat à la hauteur de leurs ambitions…!
Las, ce jour de tir par équipes ne fut pas le mien ! J’y réalisais un nombre de touchers au plus bas en comparaison de ma pratique régulière. Désolé, chers camarades, si je n’ai pas réussi à vous accompagner vers un classement plus élevé !
Face à cette déconvenue, des doutes s’installent, on refait le chemin…
Dans cette situation, ce qui m’interroge dans le Taikai par équipes est l’absence d’entraînement et de stratégie. Le trio est composé relativement à des compétences personnelles qui en cette occasion, s’additionnent mathématiquement, exception faite des mouvements fondamentaux qui restent eux, harmonisés et collectifs.
Ce hiatus génère un sentiment ambigu, rendant plus difficile d’assumer un échec, qui, personnel, entraîne alors des conséquences pour tout le groupe. Il est bien plus cohérent et plus aisé de s’assumer lors d’un Taikai individuel.
La soirée qui clôtura cette journée un peu décevante pour moi, fut l’occasion de partager un repas convivial et fort sympathique aux côtés de nos amis français, doubles vainqueurs du jour par équipes; mon voisin immédiat finira même second aux tirs individuels le lendemain après-midi.
Après une nuit portant conseils – comme le veut le dicton -, la journée du dimanche fut l’occasion de suivre attentivement le tournoi individuel, riche d’enseignements pour ma pratique à venir.
Au fil de cette deuxième journée, un peu remis de l’épisode de la veille, m’est venu l’idée de considérer ce Taikai comme une sorte de non-évènement, quand bien même l’étape de la sélection, le voyage, les rencontres avec les autres en font partie, tout comme lors d’un séminaire national, d’un stage international ou d’un passage de Dan.
Et cela parce que la pratique du Kyudo exige de la constance dans la progression, en toutes circonstances : elle se règle sur la continuité, la fluidité, l’attention à la forme, l’envie de progresser ! Le plaisir de pratiquer sans rien concéder ! Aussi lors d’un Taikai !
Durant le voyage de retour, lors de la très, très lente ascension (tiens, encore elle !) de la route du Grand St-Bernard, l’esprit chargé de toutes ces observations, j’ai pu prendre le temps de ressasser le déroulement de ce week-end, et de me réjouir de retourner à la pratique pour y mettre en œuvre ce que j’avais observé, entre autres, chez les deux finalistes du tir individuel : calme, grande stabilité, longs kai (c’est ce qui m’a le plus manqué !), lâchers francs et réguliers…
Dans un Taikai, il n’y a finalement d’autre adversaire que soi-même ! Seule la charge de prétentions qu’on s’impose par son défi à vaincre, génère la différence avec l’enjeu de la pratique ordinaire ! L’adversaire imaginaire que nous fantasmons et que nous devenons vient nous provoquer et nous perturber.
In fine, cette expérience d’un Taikai international aura complété et enrichi ma pratique régulière du Kyudo et ma vie par la récolte de précieuses expériences et observations.
Je vous souhaite à tous de belles flèches !
Michel Brunner